« L’ours Blanc, un Business Humain, un Enfer Polaire »

Avez-vous déjà vu un ours polaire ? La première fois que j’en ai vu un, pour de vrai, j’ai trouvé cet animal incroyable, il nage, il flotte, il nous regarde derrière une épaisse vitre, et puis,… Il refait la même chose, sans arrêt, il fait le tour de son bassin, il nous regarde et il refait le tour de son bassin. Telle est la vie d’un ours blanc captif.

Si vous n’y connaissez rien en la matière, vous me répondrez surement qu’il n’y a aucun problème jusque là, et pourtant, ce problème est l’un des pires que je connaisse.

Pour vous faire découvrir ce problème, je vais commencer par une première partie dédiée à l’espèce… J’ai nommé cette première partie, « La Perle du Grand Nord » .

Les ours blancs sont des animaux solitaires et leurs interactions sociales varient considérablement d’un individu à un autre. Certains se montreront méfiants et agressifs à l’approche d’un congénère tandis que d’autres l’accueilleront avec joie et commenceront à jouer. Chaque ours aurait donc sa propre personnalité.

Excellent nageur et plongeur, il se propulse dans l’eau grâce à ses larges pattes avant, ses pattes postérieures faisant office de gouvernail. De petites bosses appelées papilles dermiques situées sur ses coussinets, de même que les poils situés entre ses orteils et recouvrant une partie de sa voûte plantaire, lui offrent une meilleure adhérence sur la glace. Ses doigts, prolongés de griffes courbes et acérées, lui permettent d’attraper ses proies et de les sortir de l’eau.

L’ours polaire possède une fourrure épaisse et imperméable composée de poils mesurant 12 à 15 cm d’épaisseur (les « jarres ») et une couche de sous-poils épais appelée « bourre ». Les jarres couvrent tout son corps sauf sa truffe et ses coussinets plantaires. Ces poils translucides et creux emprisonnent l’air, permettant ainsi une bonne isolation et une meilleure flottaison. Enfin, une épaisse couche de graisse augmente la protection contre le froid. Ses oreilles et sa queue sont minuscules pour éviter la déperdition de chaleur. L’ours polaire mue entre les mois de mai et août : son pelage paraît donc davantage blanc en hiver.

Ne vous fiez pas à ses allures de peluche, l’ours blanc règne en maître sur l’Arctique. Redouté par tous les autres animaux, il se trouve au sommet de la chaîne alimentaire, les scientifiques ont recensés environ 19 populations d’ours blancs disséminés dans quatre régions.

Ces ours vivent aux alentours du cercle polaire et même s’ils ont tendance à rester dans un périmètre restreint, ils peuvent parfois parcourir de nombreux kilomètres.

La mer gelée constitue un principal réservoir de nourritures pour les ours polaires, qui dévorent surtout les phoques. Pour résister au froid glacial, leur alimentation doit être particulièrement riche en graisse et leurs proies préférées sont donc les phoques annelés ou barbus. Mais les ours blancs n’hésiterons pas à manger des œufs et d’autres animaux qu’ils croiseront sur leur chemin, comme des oiseaux, des baleines échouées, et plus rarement des caribous. Ces farouches chasseurs peuvent détecter « les trous de respiration » de leurs proies grâce à leur odorat très développé. Les phoques qui nagent sous la banquise doivent remonter à la surface toutes les 5 à 15 minutes pour reprendre leur souffle et c’est à ce moment-là qu’ils sont les plus vulnérables. Les ours profitent souvent de cet instant pour les attaquer mais ils peuvent aussi les traquer sur la glace. Ils se rapprochent alors insidieusement de leur cible avant de bondir sur elle.

Chez la plupart des mammifères, l’implantation de l’œuf dans l’utérus a lieu aussitôt après la fécondation. Chez l’ours polaire, cette implantation est différée. En effet, peu après sa conception au printemps (les accouplements ayant lieu entre mars et juin), l’embryon entame un stade passif (dit « dormant ») où il cesse de se développer pendant plusieurs mois. C’est ce qu’on appelle la diapause embryonnaire qui correspond à une phase d’attente. A l’automne, l’embryon reprend son développement, s’implante dans l’utérus et une vraie gestation peut démarrer.

La femelle, qui s’est abritée dans une tanière creusée sous la neige ou dans la tourbe, donne naissance à ses petits (généralement au nombre de 2) au cours de l’hiver. Ceux-ci pèsent moins de 600 g et restent dans la tanière avec leur mère jusqu’au printemps, profitant de son lait riche en graisse. Ils quittent leur abri en compagnie de leur mère vers le mois d’avril et pèsent alors entre 10 et 12 kg.

Et c’est ainsi que se termine la première partie de cet article. Il est désormais le temps de parler de ce qui fait de l’ours polaire, l’un des animaux les plus populaires,… « La Menace du Réchauffement Climatique » , le titre de cette deuxième partie.

Le réchauffement climatique représente actuellement le principal danger pour la survie de l’espèce à long terme. Il provoque une fonte de la banquise plus rapide et sur une surface plus grande en été ainsi que sa formation plus tardive en hiver. Or les ours ont besoin de la banquise pour chasser les phoques et faire suffisamment de réserves de graisse avant l’hiver. Un jeûne trop prolongé provoque leur amaigrissement et le manque de graisse entraîne soit une baisse de la lactation des femelles qui ne peuvent plus allaiter leurs petits, soit la naissance de jeunes plus petits qui présentent un taux de mortalité plus élevé.

La pollution a également des effets néfastes sur l’ours. Les produits toxiques transportés dans l’air et dans l’eau s’accumulent dans la chaîne alimentaire et se retrouvent en grande quantité dans les phoques, principale source de nourriture des ours blancs, supers prédateurs situés en fin de chaîne alimentaire. La pollution peut également avoir des effets néfastes sur leur système immunitaire ou provoquer des dérèglements hormonaux qui affectent leur reproduction.

Enfin le développement de la prospection pétrolière et gazière constitue une autre menace importante pour l’espèce en raison des risques de déversement de pétrole dans l’environnement et de l’augmentation des dérangements et des interactions entre les hommes et les animaux.

Pendant des siècles, les braconniers ont tué les ours polaires pour leur fourrure. Aujourd’hui, seuls les Inuits ont le droit de chasser l’ours qu’ils appellent « nanouk ». Des quotas de chasse sont fixés chaque année pour chaque village. La peau est utilisée pour confectionner des vêtements et la viande comme nourriture (à condition de bien la cuire car elle peut être infectée par la trichinose ; le foie, très concentré en vitamine A, peut également être dangereux à consommer). Il existe des permis attribués pour la chasse sportive, mais si la chasse n’aboutit pas à la prise d’un animal, le permis ne peut pas être réattribué.

Après vous avoir parlé des ours sauvages, je vais vous parler des ours captifs. Ils sont 16 en France répartis dans 7 zoos et delphinariums différents, le Zoo de La Flèche, le Zoo d’Amnéville, le Safari de Peaugres, le Zoo de la Palmyre, le Marineland d’Antibes, le Zoo de Mulhouse et depuis cette année le CERZA en Normandie.

Je vais maintenant vous annoncer « Le Secret des 7 Piscines » …

L’ours fait partie des animaux les plus intelligents du règne animal, à l’âge adulte un ours polaire possède un cerveau aussi développé qu’un enfant de 6 à 7 ans. Mais la captivité ne s’accorde rarement avec des animaux aussi intelligents que les ours, les éléphants ou encore les cétacés.

Le problème de ces ours a un nom, la stéréotypie. Les stéréotypies sont considérées comme des comportements « anormaux », bien que l’on n’ait pas d’éléments objectifs et mesurables permettant de différencier un comportement « normal » d’un « anormal ». Un comportement sera jugé « anormal » parce que la personne humaine observant ce comportement l’aura perçu de cette manière. Ce comportement anormal provient d’une réaction de l’animal face à une mauvaise adéquation entre le système humainanimal-environnement : lorsque ce système n’est pas optimal, ou subit un changement, chacune des parties doit s’adapter, au détriment parfois de l’autre. C’est ainsi que naissent les divergences entre le comportement exprimé par l’animal, et la manière dont cela est perçu par l’homme. Les stéréotypies sont qualifiées d’ « anormales » parce qu’on ne les observe pas dans la nature et qu’elles semblent dériver d’activités réalisées dans le milieu naturel qui sont impossibles à exprimer en captivité.

Elles surviennent dans des circonstances dans lesquelles on sait que les animaux sont « frustrés », « excités » ou s’« ennuient », mais ces trois états sont eux-mêmes relativement subjectifs, ainsi leur lien avec les stéréotypies n’est que supposé. Enfin, les stéréotypies sont considérées comme des comportements anormaux car elles sont souvent associées à des manifestations comportementales que l’on juge anormales, notamment la persévération, qui est l’inaptitude à arrêter un comportement alors que le stimulus n’est plus présent (par exemple, continuer à effectuer une tâche pour obtenir une récompense alimentaire, alors que la récompense n’est plus distribuée), mais aussi l’inaptitude à s’adapter à son environnement, à avoir des contacts normaux avec ses congénères, ou encore une réactivité accrue au stress.

Dans la nature, les animaux ont une quantité d’habitudes qui rythment leurs journées : ils se placent à des endroits particuliers, à un moment donné de la journée, et peuvent y rester pendant des heures. Certains empruntent toujours le même chemin sur un parcours donné. D’autres ont un rituel de marquage urinaire, fécal ou de substances odorantes, qu’ils déposent successivement à des endroits particuliers. Ainsi, les animaux en liberté ont un certain nombre d’habitudes, de routines, de rituels qui font partie de leurs comportements normaux. Ils effectuent un ensemble de comportements à des endroits spécifiques et préétablis, et se déplacent selon la même trajectoire vers ces endroits. Il semblerait que ces routines permettent aux animaux de pouvoir se « concentrer » sur d’autres aspects de leur environnement, et ainsi être plus réactifs. Lorsque le comportement réalisé par rituel ou par répétition uniforme de certains mouvements devient de forme constante, on appelle cela une stéréotypie.

Les ours captifs sont particulièrement enclins aux stéréotypies locomotrices. Une étude de Clubb et Mason (2001) sur 33 espèces de carnivores a montré que la prévalence et la fréquence des stéréotypies étaient supérieures chez les ursidés par rapport aux autres espèces. La fréquence chez les individus est très variable, puisque certains ours ne stéréotypent pas du tout tandis que d’autres peuvent passer jusqu’à 77% de leur temps à stéréotyper. Les formes de stéréotypies chez ces animaux sont diverses : en plus des stéréotypies locomotrices décrites précédemment, on trouve des mouvements de balancement du corps et de la tête ou encore des stéréotypies orales (mouvements brefs de la langue).

L’un des facteurs les plus stressants en captivité est le manque d’espace : la taille des cages ou des enclos limite les déplacements des animaux. Clubb et Mason (2003) ont par exemple observé une augmentation de la mortalité et des stéréotypies locomotrices en captivité chez les espèces habituées aux grands espaces dans leur milieu naturel. 

Un enclos avec pas ou peu de possibilité d’isolement est source de stress pour les animaux, qui ne pourront pas s’isoler de leurs congénères ou échapper aux visiteurs du parc. Le manque de possibilité d’isolement entraîne une augmentation des stéréotypies ou d’autres comportements indésirables comme de l’agressivité envers les visiteurs.

Souvent, les animaux les plus sujets aux stéréotypies sont ceux qui sont particulièrement actifs dans leur milieu naturel. Les carnivores parcourent beaucoup de kilomètres pour chercher de la nourriture, un partenaire ou encore pour explorer un territoire. La taille limitée des enclos peut donc induire ce genre de stéréotypies. Mais toutes les études n’ont pas abouti à ces conclusions car certaines ont montré que des animaux habituellement très actifs ne présentaient pas plus de stéréotypies en captivité. Cependant, il est certain que les stéréotypies locomotrices résultent d’une incapacité de l’environnement à satisfaire ce besoin d’exploration qu’ont les carnivores, notamment en raison du manque de stimulation et de la monotonie de cet environnement.

Les zoos sont des endroits élaborés pour que les gens aient la possibilité de voir les animaux. Seulement cette proximité est bien souvent mal supportée par les animaux sauvages.

Les stéréotypies sont des comportements préoccupants en raison de leurs conséquences négatives, notamment sur la santé, mais aussi parce qu’elles interfèrent avec les comportements ayant un but précis . Les stéréotypies orales par exemple provoquent des troubles dentaires et une perte importante d’énergie et beaucoup de stéréotypies consistent en des automutilations.

Ces comportements rendent fragiles ces ours, car jamais ils ne cesseront ces comportements répétitifs.

Je vous remercie d’avoir lu ce grand article, qui est entièrement dédié aux ours polaires français, Moni (visible sur les 2 dernières vidéos),  sa compagne Tania, Taîko, Katinka (décédée le 5 Juin dernier), Flocke, Raspoutine, Olaf (décédé le 27 Juillet), son frère Tromsö, Nicky, Mona, Vicks, Sesi, leur fille Nanuk, Tina, Jonny et Hallensia.

Information : l’ours polaire du Zoo de La Palmyre présentant des stéréotypies est décédé en 2018, tout comme la femelle qui l’accompagnait. En mars 2019, le zoo a accueilli deux jeunes femelles Lale et Noordje en provenance du zoo d’Emmen aux Pays Bas. Elles ne présentent aucun signe de stress.

Written by martin

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